En 2021, nous fêterons le 700e anniversaire de la mort de Dante. À Florence, en 1465, on célébrait déjà le 200e anniversaire de sa naissance. L’hommage ? Un tableau devenu célèbre et riche de mille significations ⤵️

« La divine comédie illuminant Florence » est une imposante toile de près de 2 mètres sur 3, installée dans la nef de la cathédrale Santa Maria del Fiore, à Florence (image : Fitamant).

Elle est l’œuvre d’un peintre de l’école florentine, Domenico di Michelino, célèbre en son temps, qui s’appuya pour la réaliser sur le dessin d’un autre peintre florentin, Alesso Baldovinetti (son autoportrait 👇).

La toile est un hommage enthousiaste au poète Dante Alighieri, qui, placé au centre du tableau, aussi grand que la ville à sa droite, tient dans sa main droite sa principale œuvre, la Divine Comédie.

Au traditionnel bonnet rouge, Domenico di Michelino ajoute pour la première fois une branche de laurier, symbole de gloire, qui deviendra un signe constant de l’iconographie de Dante, comme ici chez Gustave Doré ou là chez Botticelli.
Dans sa main, la Divine Comédie est ouverte et les spectateurs peuvent déchiffrer les premiers vers de l’œuvre. Le livre rayonne d’une lumière dorée…

…et illumine la ville qui n’est autre que Florence. On y reconnaît notamment la cathédrale Santa Maria del Fiore, avec sa coupole (dite de Brunelleschi) à droite et son campanile à gauche,…
…et La Torre di Arnolfo du Palazzo Vecchio.
Derrière Dante, toute la toile est une figuration de la Divine Comédie. Le poème de Dante, chef d’œuvre de la littérature médiévale, est en effet divisé en trois parties. En bas, à droite…

…L’Enfer, que Dante situe au centre de la Terre. Les damnés, manifestement horrifiés, sont éperonnés par des démons armés de lances de feu…

…vers le Diable qui, entouré d’un halo de flammes, règne sur les enfers.

Derrière lui, le Purgatoire : inverse à l’Enfer, il est représenté par une montagne, divisée en 7 corniches. Celles des 7 péchés capitaux.

Comme dans le livre, un ange garde le Purgatoire et grave sur le front des pêcheurs les sept “P” des péchés capitaux. Ceux-ci seront progressivement effacés par les anges qui gardent les sept niveaux, à l’issue des épreuves que doivent accomplir les damnés.

L’escalade de la montagne est donc une expiation progressive des péchés, selon le modèle du contrapasso : les châtiments sont l’inverse de la faute commise. Ainsi, les Indolents (*les feignants) sont condamnés à courir…

…tandis que les Orgueilleux, qui ont bombé le torse durant leur vie, courbe l’échine sous le poids d’une lourde plaque de marbre.

Au sommet de la montagne, le Paradis terrestre de la Genèse. Domenico di Michelino s’éloigne ici de Dante pour y représenter Adam et Ève autour de l’arbre de la connaissance, plutôt que Béatrice.

Au-dessus de la montagne, le Paradis enfin, divisé chez Dante en 10 parties : les sept cieux des sept planètes, le ciel des étoiles fixes, le ciel cristallin et l’Empyrée. Dans la toile, seuls 7 cieux sont visibles et chacun bien associé à un astre.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce tableau, comme le regard de Dante détourné de Florence, ville dont il fut toute sa vie exilé pour des raisons politiques…

…ou son attitude christique, notamment par la position de ses mains, qui élève Dante à une dimension sacrée. Cet hommage prend toute son ampleur dans la cathédrale où se trouve le tableau, auprès de tableaux d’anges ou de saints.

Mais on vous laisse le plaisir d’explorer ce tableau et de le découvrir, par exemple avec Janine Vittori sur @musanostra…
👉 https://www.musanostra.com/analyse-de-loeuvre-de-domenico-di-michelino/
… ou sur @franceinter dans l’émission de @laurettegb qui lui était dédiée en 2017 👇
👉 https://www.franceinter.fr/emissions/l-art-des-vacances/l-art-des-vacances-22-juillet-2017
Alors, en 2021, 600 ans plus tard, pour le 700e anniversaire de mort, serons-nous à la hauteur de Domenico di Michelino et de la ville de Florence ? 🎁
Originally tweeted by Résidences (@ResidencesArt) on 8 janvier 2021.