À Résidences, on avait loupé la sortie de #S16, le nouvel album de @Woodkid. Retard rattrapé ce week-end. On vous en parle ici 👇

1. Dans l’ensemble c’est un très bel album, d’une grande cohérence. Woodkid y fait preuve d’une maîtrise mélodique assez époustouflante. Et on est heureux de retrouver sa voix si particulière et émouvante.
2. S16 c’est le soufre nous dit-on. Celui des vapeurs de l’enfer, pour un album aux allures de dystopie; et le symbole d’une douleur infinie, entre lamentation (dans « Shift » par ex) et révolte (« Horizons into Battleground »).
3. Le récit fragmentaire de l’album est celui d’un homme éperdu dans un monde dévasté. Récit noir et tragique dont le narrateur porte souvent la responsabilité : “Self-destruction draws patterns in me
It will bring us down, I don’t know why” (“Ennemy”).
4. Comme dans The Golden Age on se croit souvent au cinéma. De grandes nappes de cordes et cuivres, des nuances exacerbées et le jeu des réexpositions de thèmes précédemment entendus (dans le morceau ou l’album) dessinent de vastes paysages – par ex dans « Goliath », la 1ere piste.
5. On reconnaît aussi certaines techniques déjà présentes dans le premier album, comme le goût des transitions marquées par des percussions conclusives, sortes de portes qui claquent, coups de gong, respirations monstrueuses, claps de fin…
6. …ou ces grandes ascensions mélodiques crescendo menées par les cordes dont la tension s’effondre sur un simple accord de piano.
7. Certains morceaux sont moins réussis, comme “Highway 27”, intéressant car très percussif mais finalement un peu pauvre mélodiquement, ou “So Handsome Hello”, qui reprend l’esthétique de l’album mais ne parvient pas à y contribuer pleinement.
8. Au contraire, deux chansons font particulièrement mouche : “In your likeness”, chant d’amour émouvant en forme de prière (“ je n’ai pas été fait à ton image”);
9. et “Shift”, marqué par de longues vocalises entre lamentation et accusation (“what have you done ?”) qui jouent à laisser la voix se briser presque.
10. Petit coup de coeur pour “Horizons into Battlegrounds”, peut-être le morceau le plus lyrique et le plus modeste. Un piano très apaisé et lumineux se contente de doubler la voix de @Woodkid. Même thème que “Ennemy” mais d’une simplicité plus efficace.
11. L’album se termine sur “Minus Sixty One”, synthèse étonnante de ce qui précède. L’ouverture est sublime – harmonie de vents et de cordes légères, teintée de nostalgie et d’inquiétude par une légère dissonance dans les aigus qui évoque ces carillons que le vent agite.
12. La partie centrale, très cinématographique, avec ostinato de cordes et choeur d’enfants très percussif et martial est moins réussie…avant une grande ouverture finale qui emporte l’adhésion de force.
13. Pour @Eric_Bureau qui salue un album « magistral » dans @le_Parisien les deux sommets de l’album sont « Réservoir » et « Minus Sixty One » – priorité aux cordes et au cinéma sur la voix seule, donc.
14. Petit conseil : accordez-lui plusieurs chances. C’est un album exigeant qui déroute au début mais qui envoûte pour peu qu’on le laisse développer sa mélopée vénéneuse et hypnotique. Bravo @Woodkid, et merci 💙
Originally tweeted by Résidences (@ResidencesArt) on 10 novembre 2020.